Lettre adressée par l’équipe de NEGAR aux militant.es, aux associations, aux politiques, aux structures qui nous ont accueillies, soutenues et aidées

Les femmes afghanes, à 10 heures de vol de Paris, sont emmurées vivantes

Lettre adressée par l’équipe de NEGAR aux militant.es, aux associations, aux politiques, aux structures qui nous ont accueillies, soutenues et aidées.


Le 5 septembre 2024


Bonjour à toutes et tous, Cher.es ami.es,


Depuis 3 ans les taliban sont installés dans Kaboul, et comme nous l’avions annoncé, connaissant
leur projet génocidaire, ils exercent contre les femmes afghanes une politique liberticide qui vise
les effacer de l’espace public, en leur interdisant peu à peu toute expression.


Depuis 3 ans, c’est vous qui, par votre solidarité, par votre bienveillance, par votre humanité, par
vos convictions universalistes, nous avez permis de continuer à tenir nos engagements.
Aujourd’hui, après un passage difficile où l’on ne parlait plus des femmes afghanes, un peu oubliées
malheureusement du fait de la multiplication des conflits armés et des répressions contre les
femmes, Ukraine, Iran, Israël, Palestine… pour n’évoquer que les plus proches,

Aujourd’hui, nous avons besoin d’être entendues, et d’expliquer la progresssion du projet des
Taliban qui est une horreur au regard des droits des femmes et des droits humains, projet dans
lequel l’asservissement et le musèlement des femmes sont la clef de leur stratégie.


Nous sommes en contact quotidiennement, grâce à Shoukria HAIDAR, notre présidente, avec les
afghan.es « de l’intérieur », nous poursuivons nos collectes de dons pour alimenter les classes
clandestines que nous soutenons et qui ont beaucoup de peine à continuer leur travail militant, ainsi
que pour aider les militantes féministes activistes là où elles se trouvent.


La situation des écoles clandestines que nous soutenons est très difficile. Les enseignantes sont
menacées. Il faut sans cesse changer de lieu, réajuster nos objectifs.
Comme vous l’avez sans doute vu, un nouveau seuil a été atteint, il y a quelques jours, avec la
publication d’une « loi » qui n’est pas véritablement neuve car elle ne fait que reprendre les
différents décrets publiés par le « ministère » de la Prévention du vice et de la Propagation de la
vertu depuis 2021. Mais voilà gravés dans le marbre de la loi tous les interdits qui frappent les
femmes, en particulier celui de se faire entendre par la parole ou le chant, aussi bien en public que
dans son foyer.


Dans le même temps les lapidations ont, semble-t-il, repris depuis le mois d’août.
Dans le même temps, les taliban publient sur les réseaux sociaux de joyeuses petites vidéos, où ils
se félicitent de pouvoir profiter entre eux, des parcs et jardins, hors du regard des femmes.
Les femmes ? Les filles ? Les petites filles ? Elles sont gommées de l’Afghanistan.
Pourtant, partout, la résistance des femmes et des filles existe. Elles chantent, elles parlent, et c’est
déjà un mobile d’arrestation et d’emprisonnement.


Alors, nous voulons en cette rentrée vous demander, à vous qui avez déjà beaucoup fait, de ne pas
oublier les femmes afghanes, et de réfléchir avec nous sur les bons objectifs politiques à cibler, et
avec quels moyens.
Nous devons de notre côté continuer à mobiliser la société et à peser sur les décisions politiques, là
où nous nous trouvons. Vous pouvez, de votre côté, continuer à nous aider en suscitant des
mobilisations et des événements autour des femmes afghanes. Nous nous déplacerons si vous le
souhaitez.


Mais il faut aller plus loin, il faut que les pays démocratiques s’unissent pour dénoncer ce qui est
en train de se passer en Afghanistan, qui est bien plus qu’un apartheid de genre, comme cela a été
dit.


Les femmes afghanes, à 10 heures de vol de Paris, sont emmurées vivantes.
Nous comptons sur vous. Aidez-nous.
Dire NON A LA RECONNAISSANCE DES TALIBAN ,
c’est dire OUI AUX DROITS DES FEMMES ET AUX DROITS HUMAINS


Cf. https://www.negar-afghanwomen.org/2/ , et notre Newsletter.