Non à la reeconnaissance du groupe terroriste des talibans !

Non à la reconnaissance du groupe terroriste des Talibans !

Par Collectif (22.02.22)

A l’approche de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, nous, femmes européennes, souhaitons adresser un message de solidarité à nos sœurs d’Afghanistan. A ces femmes qui souffrent et résistent héroïquement, écartées de toutes les décisions internationales. D’autant plus que leurs conditions de vie se sont dramatiquement détériorées depuis le retour au pouvoir des Talibans après le retrait des troupes américaines, le 31 août dernier. Les femmes sont, malheureusement à nouveau, plongées dans un monde des plus archaïques et obscurantistes.

Comment oublier ces images déchirantes de personnes accrochées aux ailes des avions pour échapper à un cauchemar déjà vécu ?

 

Comment ne pas penser à ces petites filles vendues pour une bouchées de pain ? Certes, pour le peuple afghan, ces vingt dernières années n’ont pas été de tout repos. Mais un autre monde était, malgré tout, envisageable, et une autre vie se dessinait. Le mot « rêve », autrefois proscrit, avait à nouveau un sens pour la jeunesse. Toutes et tous se consacraient à la reconstruction de leur pays dévasté par les guerres successives, les ingérences étrangères et les luttes fratricides au pouvoir.

 

Tout ceci a volé en éclat. La descente aux enfers a été vertigineuse. Surtout, avec le gel des fonds internationaux, depuis l’été dernier, qui a entraîné le pays dans une crise sans précédent aux conséquences humanitaires dramatiques. La faim menace aujourd’hui 23 millions d’Afghans, soit 55 % de la population. Pour en sortir, l’ONU réclame un budget de 5 milliards de dollars américains auprès des pays donateur. Et les Talibans, dotés d’un rare cynisme, misent sur cette crise pour espérer engranger des fonds et, surtout, être reconnus à l’échelle internationale. Malheureusement, beaucoup de pays sont tentés par cette alternative oubliant par le fait même la nature obscurantiste et terroriste d’un tel mouvement.

En effet, en Europe, les premiers bruits de couloir d´une éventuelle reconnaissance des Talibans sont venus d’Allemagne à la suite de l’annonce de l’ouverture d’un « bureau » à Kaboul. En décembre 2021, la nouvelle ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, annonçait un fonds humanitaire de 600 millions d’Euros via l’ONU.

 

Cette annonce était, certes, louable vu la situation catastrophique d’une population laissée à l’abandon, mais nous considérons que son attitude était empreinte d´une grande naïveté. Un simple coup d’œil sur l’Afghanistan, nous place face à la réalité des Talibans. Jour après jour, ces derniers rappellent au monde leur « immuabilité ». Ceux d’hier sont les mêmes que ceux d’aujourd’hui et leur devise demeure inchangée : « La femme n´a aucun droit et elle doit être effacée de l´espace public. » Aujourd’hui, les filles ont déserté les bancs de l´école, les femmes n’ont plus le droit de se déplacer sans une escorte masculine. Si l’intention de Annalena Baerbock de se doter d’une politique étrangère féministe est sérieuse (et tout à son honneur), nous lui suggérons de commencer par faire de l’Afghanistan un exemple en la matière. Pourquoi ne pas commencer à exiger que des femmes soient présentes autour de la table des négociations ?

De nombreuses résistantes afghanes au courage exemplaire manifestent à visage découvert dans les rues de Kaboul et dans quelques autres villes pour rappeler qu´elles n’acceptent pas d’être à nouveau privées de leurs droits humains élémentaires. Ces résistantes sont pourchassées par la police des mœurs parce qu’elles réclament le droit de vivre dans la dignité. Certaines ont été enlevées ou arrêtées, d´autres ont disparu ou ont été assassinées. Même les mannequins féminins en vitrines ont été décapités. Oui, les Talibans sont sans pitié avec les femmes !

 

Pourtant, malgré toutes ces violations des droits humains, le 23 janvier dernier, la Norvège a accueilli, à Oslo, une délégation talibane – exclusivement masculine – de 15 hommes comptant Anas Haqqani (un chef terroriste responsable de plusieurs attentats meurtriers en Afghanistan) pour rencontrer des représentants des États-Unis, du Royaume-Uni, d’Allemagne, de France, d’Italie, de l’Union européenne et de Norvège. Certes toutes les précautions d’usage ont été prises pour indiquer que cette rencontre ne suppose en rien une reconnaissance officielle des Talibans. Toutefois, leur porte-parole a indiqué que cette étape n’était que la première de plusieurs autres rencontres avec les pays de l’Union européenne. D’où nos plus vives inquiétudes à l’endroit de ce processus qui semble conduire à la normalisation d’un groupe terroriste. De quoi a-t-on discuté à Oslo ? Qu’a-t-on promis aux Talibans ? La politique étrangère des Etats ne se fait pas entre hommes derrière des portes closes, elle engage les sociétés dans leur ensemble, elle est l’affaire de toutes et tous et des femmes en particulier.

 

Nous, femmes européennes, condamnons fortement l’initiative norvégienne ainsi que la dynamique dangereuse qu’elle a déclenchée. Nous tenons à rappeler à nos Etats que toute reconnaissance du groupe terroriste des Talibans est une trahison des valeurs européennes. Nous exigeons la libération immédiate de toutes les prisonnières détenues arbitrairement. Nous plaidons pour l’adoption d’une politique féministe des affaires étrangères qui place les femmes au cœur des relations internationales. Nous demandons à ce que des représentantes de la société civile afghane soient reconnues et associées aux décisions. Nous tenons à rappeler que les droits des femmes font partie des droits fondamentaux universels, inaliénables et non négociables. La paix dans le monde se construit avec les femmes !

.Personnalités signataires :

Mina Ahadi, Présidente du Conseil des Ex-Musulmans en Allemagne, Franziska Becker, caricaturiste, Saida Keller-Messahli, conseillère politique et autrice, Elham Manea, militante des droits humains et autrice, Nina Scholz, politologue et autrice.

 

Associations signataires

 

Afghan Refugee Communitee in Belgium ; Assemblée des femmes (ADF), Association des Femmes de l’Europe Méridionale (AFEM), Centre Communautaire Laïc Juif (CCLJ), Centre européen du conseil international des femmes (CECIF), Club L, Collectif d’accord de ne pas être d’accord, Collectif Laïcité Yallah, Collectif 13 Droits des Femmes, Égalité-Laïcité-Europe (Egale), European network of Migrant Woman (ENOMW), Femmes ici et ailleurs (Magazine), Femmes Solidaires, Forum femmes Méditerranée, Frauen für Freiheit e. V. (Femmes pour la liberté), HennaMond e.V. , Kulturbrücke Hamburg, La Fondation Anne-Marie Lizin, La Palabre, Les Résilientes, Les VigilantEs, Libres Mariannes, Ligue du Droit International des Femmes, Migrantinnen für Säkularität und Selbstbestimmung, Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme, NEGAR-Soutien aux Femmes d’Afghanistan, Network of Afghan Diaspora, Organisations in Europe-NADOE, Observatoire Féministe des Violences faites aux Femmes, Regards de Femmes, Réseau Féministe « Ruptures », Synergie Wallonie pour l’Égalité entre les Femmes et les Hommes, Terre des Femmes e.V., Valeurs et Spiritualité Musulmane de Belgique